L’emblématique bar-tabac Le Khédive va-t-il disparaître du paysage baulois ?
Ça en prend le chemin après la décision que vient de rendre le tribunal administratif de Nantes.
Dans l’affaire du bar-tabac Khédive, le tribunal administratif de Nantes a débouté le Groupement des résidents pour la sauvegarde environnementale de La Baule (GRSB), qui voulait faire annuler le permis de démolir accordé en mai 2018 par le maire de l’époque, Yves Métaireau, au promoteur immobilier Giboire.https://maps.google.com/maps?q=47.2825548,-2.3925335&z=15&output=embed
L’association mettait pourtant en avant « l’intérêt architectural indéniable » de cette ancienne « villa » édifiée « vers 1880 » et « remaniée » en 1946. Giboire, de son côté, avait indiqué dans sa demande de permis de démolir que le bâtiment avait été construit « entre les années 1900 et 1950 », ce qui était de nature à avoir « faussé l’appréciation » de la Ville selon le GRSB.
Des photos et des plans
« Toutefois, le dossier (…) comprenait des photographies représentant la construction (…) ainsi que des plans indiquant sa localisation », objecte le tribunal dans un jugement en date du 3 mai 2022. « Dans ces conditions, l’erreur de la date approximative de construction (…) n’a pas (…) été de nature à fausser l’appréciation portée par l’autorité administrative. »
L’association estimait aussi que ce permis de démolir était contraire au règlement de l’Aire de mise en valeur du patrimoine (Avap) dans la mesure où le dossier de Giboire ne comprenait pas non plus « la description des moyens mis en œuvre (…) pour éviter toute atteinte au patrimoine protégé ».
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« Toutefois, s’il se situe autour de la place du Maréchal-Leclerc, laquelle est jouxtée par deux villas balnéaires et une chapelle identifiées au titre du patrimoine architectural remarquable, ce bâtiment entouré de parcelles non bâties (…) se situe de l’autre côté de la place », note le tribunal. « Il se trouve ainsi séparé des autres bâtiments (…) par (…) au moins 30 mètres. »
« Dans ces conditions, l’association – qui se borne à faire valoir la présence de bâtiments protégés à proximité du projet – n’établit pas que l’absence de description des moyens mis en œuvre dans la démolition pour éviter toute atteinte au patrimoine aurait pu fausser l’appréciation du service instructeur », considère le tribunal administratif de Nantes.
« Environné par des immeubles collectifs »
« Si la villa (…) a été édifiée à la fin du XIXe siècle par un architecte nantais ayant participé à divers projets de construction à l’époque de la création de la station balnéaire (…), le bâtiment a été remanié en 1946 par un autre architecte ayant contribué au paysage architectural baulois et très probablement après cette date », ajoutent encore les juges nantais.Vidéos : en ce moment sur Actu
« La façade nord (…) est dépourvue d’éléments décoratifs balnéaires à l’exception d’une charpente cintrée (…) et d’un lambrequin », poursuit la juridiction. La façade ouest, elle, est « percée d’ouvertures n’évoquant en rien l’architecture balnéaire, conséquences de la transformation du bâtiment en commerce ».
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« Si deux villas balnéaires, aux nombreux éléments décoratifs, ainsi que la chapelle Sainte-Anne (…) se situent également dans (…) l’Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (…), elles se trouvent toutes trois de l’autre côté de la place du Maréchal-Leclerc », répète une nouvelle fois le tribunal administratif de Nantes. « La villa Le Khédive [est] pour sa part environnée (…) par des immeubles collectifs d’architecture très contemporaine. »
Jusqu’au 3 juillet pour faire appel
« Les quelques caractéristiques balnéaires ayant subsisté au terme de l’évolution architecturale du bâtiment (…) sont insuffisantes, compte tenu de leur nombre et de leur importance, pour conférer au Khédive le caractère d’une villa balnéaire », concluent les juges.
Le GRSB a jusqu’au 3 juillet prochain pour contester ce jugement devant la cour administrative d’appel de Nantes.
Lors de l’audience, son avocate s’était en effet dite « assez étonnée » par les conclusions déjà défavorables du rapporteur public. « C’est l’une des premières villas de la station balnéaire », avait rappelé Me Aurélia Diversay aux juges nantais. « C’est très clairement l’histoire du patrimoine de La Baule qui est remise en cause. »
Article paru dans « L’Echo », par Rédaction Guérande Publié le 6 Mai 22 à 7:09 mis à jour le 6 Mai 22 à 7:10